Léon Boyer, ingénieur et visionnaire : la naissance du viaduc de Garabit
Alors que nombre de ses collègues ont déjà planché sur le sujet sans y trouver de solution satisfaisante, arrive à Garabit un jeune ingénieur lozérien du nom de Léon Boyer, âgé de 27 ans, qui va résoudre ce problème du franchissement de la vallée de la Truyère.
C’est à lui que l’on doit l’idée ambitieuse d’un viaduc à Garabit.
De part et d’autre de la Truyère s’étend un plateau sur lequel la voie peut se développer sans difficulté. Pourquoi donc ne pas franchir la rivière au moyen d’un ouvrage d’art qui éviterait les inconvénients de fortes rampes.
C’est la grande époque de la construction métallique. Léon Boyer à partir des calculs qu’il a lui-même réalisés et s’appuyant sur les exploits de l’entreprise Eiffel dans le franchissement du Douro au Portugal, pense pouvoir résoudre le problème de la traversée des gorges de la Truyère.
L’idée de Léon Boyer a deux avantages considérables : une meilleure rentabilité de la ligne due à une voie plus rectiligne et une économie de trois millions de francs (construction du viaduc compris !) sur le précédent tracé, moins accidenté mais plus long.
La proposition de Boyer empruntait l’idée de l’arc du pont Maria Pia. Ce dernier avait d’ailleurs largement fait parler de lui. Même si les dimensions de Garabit étaient beaucoup plus ambitieuses, il n’en restait pas moins que l’expérience d’un pont en arc avait déjà été tentée avec succès et que la réputation de la compagnie Eiffel n’était plus à faire.
Le ministre, par dérogation à la règle générale du concours ou de l’adjudication publique, autorisa les ingénieurs à passer un marché de gré à gré avec la compagnie Eiffel. Léon Boyer, réalisa l’avant-projet et effectua le suivi de la réalisation.
Gustave Eiffel : du viaduc Maria Pia au viaduc de Garabit
Même si les premières réalisations d’Eiffel se trouvent en Auvergne, c’est à l’étranger qu’il construira ses premiers chefs d’œuvre qui vont préfigurer le viaduc de Garabit.
L’évènement qui consacrera Eiffel sera le concours international ouvert à Porto au Portugal par la Compagnie Royale des Chemins de Fer Portugais.
Il consiste à réaliser un viaduc ferroviaire qui permette le franchissement d’une vallée de 400 m de large, dont 150 m occupés par le fleuve Douro. C’est Théophile Seyrig, son associé, qui aura l’idée novatrice d’un pont en arc. Ce type de construction est véritablement révolutionnaire et d’ailleurs elle permet à la société Eiffel d’être bien mieux placée en termes de prix que les concurrents. Le contrat est donc signé le 22 juin 1875 avec la société Eiffel.
Il faudra deux ans pour façonner les pièces métalliques (1 450 tonnes) dans les ateliers de Levallois-Perret, les transporter et les monter à Porto.
L’entreprise Eiffel réalise le travail dans les délais impartis et surtout pour la somme fixée au départ.
Non seulement Gustave Eiffel avait réussi à emporter le marché –et dans quelles conditions – mais il réussira à tenir ses engagements !